L’Iran possède l’une des civilisations continues les plus anciennes du monde. L’histoire de l’Iran couvre des milliers d’années, depuis les civilisations antiques du plateau iranien, la civilisation des Mannéens en Azerbaïdjan, de Shahr-i Sokhteh dans le Sistan, et l’ancienne civilisation de Jiroft, suivie du royaume d’Élam, de l’empire Achéménide, des Parthes, des Sassanides jusqu’à l’actuelle République islamique d’Iran.
Des vestiges d’occupation humaine remontant au Paléolithique inférieur ont été retrouvés au Baloutchistan, dont certains ont un âge estimé à 800.000 ans. Au nord-ouest du pays, dans la région de la mer Caspienne, des vestiges datant du 10e millénaire avant J-C attestent de l’apparition d’une économie de production de biens au Mésolithique. Des sites néolithiques montrent que la pratique de l’agriculture remonte à 6 et 7.000 ans dans la vallée de Gorgan, à Tureng Tepe, Yarim Tepe, et au centre du pays à Sialk, près de Kashan.
Des objets de cuivre et des céramiques peintes remontant à l’âge du cuivre (il y a 4.000 ans), ont été retrouvés en Susiane et à Sialk. Des recherches archéologiques commencent à peine à faire connaître des civilisations très anciennes comme la civilisation de Jiroft qui bâtit des villes 3.000 ans avant J-C.
Le début du 3e millénaire avant J-C voit apparaître une forme d’écriture, probablement dérivée du système sumérien, à Suse. L’Empire Élamite établit un nouveau pouvoir régional dans le sud-ouest de l’Iran et concurrence les empires voisins de Babylonie et d’Assyrie.
C’est au cours du second millénaire avant notre ère qu’arrivent sur le plateau iranien divers peuples iraniens, provenant d’Asie centrale. Au milieu du 7e siècle avant J-C, les Mèdes, groupes de tribus établis au nord et au nord-ouest du pays, établissent leur pouvoir sur la région. À la fin de ce même siècle, les Mèdes et les Babyloniens se libèrent définitivement du joug assyrien en prenant Ninive en 612 avant J-C.
C’est à la même période qu’apparaissent les premières sources mentionnant Cyrus Ier, roi d’Anshan, petit-fils d’Achéménès, fondateur du premier Empire Perse, celui des Achéménides.
Despotes éclairés, les Achéménides construisent un immense empire s’étendant de l’Inde à l’Égypte, organisé en satrapies reliées entre elles par un immense réseau routier. Le cylindre de Cyrus, datant de Cyrus II, est la première trace écrite d’une déclaration des Droits de l’Homme.
Leur règne est marqué par les Guerres médiques les opposant aux Grecs. Darius Ier souhaite étendre sa domination aux îles de la mer Égée. Il conquiert Samos vers 520-519, puis marche sur l'Europe. Il passe le Bosphore, laisse des troupes grecques à l'embouchure du Danube et marche vers la Thrace qui, riche en produits stratégiques, revêt une grande importance pour les Perses. Darius Ier s'attaque ensuite à la Grèce, qui avait soutenu les rébellions des colonies grecques alors sous son égide. En raison de sa défaite à la bataille de Marathon en 490, il est forcé de restreindre les limites de son empire à l'Asie Mineure.
C'est sous le règne de Darius Ier, dès 518-516, que sont construits les palais royaux de Persépolis et Suse, qui serviront de capitales aux générations suivantes des rois achéménides.
Après la mort de Darius, l'Empire achéménide conserve la domination de territoires allant de l'Indus à le Mer Égée pendant environ deux siècles et demi, longévité que n'avaient pas atteint les empire précédents, l'Assyrie et Babylone.
Xerxès Ier succède à son père Darius vers 486-485. Des révoltes ayant éclaté en Égypte et en Grèce, Xerxès commence son règne en conduisant une expédition contre l'Égypte. Après une rapide reconquête, Xerxès marche sur la Grèce et défait les grecs aux Thermopyles. Athènes est conquise et mise à sac, le Parthénon est incendié. Athéniens et Spartiates se retirent derrière leurs dernières lignes de défense sur l'isthme de Corinthe et dans le golfe de Saronique.
À Artémision, la bataille rendue indécise à cause d'une tempête détruisant les navires des deux camps, s'arrête prématurément à l'arrivée de la nouvelle de la défaite des Thermopyles. Les Grecs décident alors de battre en retraite. Finalement, la bataille de Salamine est remportée par les Athéniens, le 28 septembre 480. La perte des voies de communication maritimes avec l'Asie force Xerxès à se retirer à Sardes. L'armée avec laquelle il quitte la Grèce, placée sous le commandement de Mardonios, subit encore une défaite lors de la bataille de Platées en 479. Une nouvelle défaite perse à Mycale encourage alors les cités grecques d'Asie Mineure à la révolte. Ces révoltes voient la fondation de la ligue de Délos et les défaites perses qui s'ensuivent consacrent ces pertes territoriales en mer Égée.
L’empire perse décline après le règne de Xerxès Ier et chute sous Darius III, conquis par Alexandre le Grand. Après les défaites perses aux batailles d'Issos (332), de Gaugalèles et de Babylone (331), Alexandre marche sur Suse qui capitule puis se dirige alors en direction de Persépolis qui se rend au début de 330. Darius trouve alors refuge à Ecbatane. De Persépolis, Alexandre se dirige vers Ecbatane. En chemin, des satrapes de Darius III se rendent à Alexandre et, lors de sa fuite, Darius III est assassiné par plusieurs de ses satrapes, qui se rendent à Alexandre ou bien retournent dans leur province pour se faire proclamer roi. Sur ordre d'Alexandre, les honneurs sont rendus au corps du souverain qui est acheminé vers Persépolis pour y être inhumé.
L'empire Achéménide se termine avec la mort de Darius III.
Les généraux d’Alexandre établissent la dynastie des Séleucides, qui s’effondre à son tour en 60 avant J-C, le dernier reliquat de l’empire, en Syrie, étant transformé en province romaine par Pompée. L’empire Parthe (aussi appelé Arsacide), fondé par Arsace et Tiridate en 250 avant J-C, leur succède jusqu’en 224, quand le roi Artaban IV est défait par un de ses vassaux perses. Une nouvelle dynastie naît : les Sassanides, qui donnent naissance au second empire perse (226 - 651).
Les Sassanides règnent sur l'Iran de 224 jusqu'à l'invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d'or pour l'Iran tant sur le plan artistique que politique et religieux.
Ce fut l'une des deux grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de 400 ans. Fondée par Ardashir qui mit en déroute le dernier roi parthe, Artaban V, elle prit fin lors de la défaite du dernier Shahanshah (empereur) Yazdgard III (632-651). Ce dernier, après 14 ans de lutte, ne parvient pas à repousser le califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l'Empire Sassanide englobait la totalité de l'Iran, Irak, Arménie, Caucase sud, l'Asie Centrale du sud-ouest, l'Afghanistan occidental, des fragments de Turquie, de Syrie, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du Golfe Persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides furent les premiers à appeler leur empire Iranshahr ou Eranshahr (en persan : ایرانشهر, Terre des Aryens).
On considère l'ère sassanide comme l'une des périodes les plus importantes de l'histoire de l'Iran. Sous bien des aspects, elle représente l'accomplissement au plus haut degré de la civilisation perse et fut le dernier grand empire iranien avant la conquête musulmane de la Perse et l'adoption de la religion musulmane. Leur influence culturelle s'étendit bien au-delà des frontières de l'empire pour atteindre l'Europe de l'Ouest, l'Afrique, la Chine et l'Inde, et joua un rôle dans la formation de l'art médiéval européen et asiatique. Cette influence se perçoit aussi dès l'apparition du monde islamique et lors de la conquête de l'Iran par les musulmans.
La conquête de l’Iran commence en 637. Après avoir occupé Ctésiphon, capitale de l’empire, les musulmans battent l’armée sassanide à Nahavand en 641-642. L’Iran est ensuite rapidement conquis. La Conquête islamique de l'Iran (637-751) aboutit à la fin de l'empire Sassanide et au déclin de la religion zoroastrienne en Iran (Perse). La conversion à l’islam est progressive jusqu’au 9e siècle, la plupart des peuples iraniens, en incluant les Persans et les Kurdes, se convertissant à l'islam à partir du zoroastrisme. Une partie de la population, fuyant le changement de l'islamisation de la Perse, s'est réfugiée en Inde où ils seront appelés Parsis.
L’Iran a été islamisé, mais n’a jamais été arabisé, contrairement aux autres régions conquises par le califat. Les persans ont même réussi à se distinguer au sein de l’islam et l’apport culturel, politique et même religieux des iraniens à cette religion est d’une importance fondamentale.
Au 8e siècle, le Khorassan se rallie à la doctrine dissidente du chiisme et s’émancipe de la domination arabe. Une révolte renverse la dynastie Omeyyade, installant les Abbassides à Bagdad en 748. Le pouvoir des califes diminue progressivement, et plusieurs dynasties régionales émergent en Iran entre 820 et 1005, dont les Samanides.
Ces derniers rivalisent avec Bagdad et créent d’importants foyers de vie intellectuelle. Outre la culture arabe classique, ils favorisent l’éclosion de la littérature persane et accordent leur protection à des penseurs. En 962, la dynastie Ghaznévides s’installe à Ghazna et règne du Khorasan au Pendjab. C’est sous le patronage de Mahmūd de Ghaznī que Ferdowsi écrit en persan le Shāh Nāmā (Livre des Rois), poème épique qui recueille les histoires de la mythologie perse.
Un groupe turc, les Seldjoukides, arrive dans la région au 11e siècle. Les Ghaznévides, puis les Samanides, sont défaits. Ils s'emparent peu à peu du pouvoir en jouant sur les inimitiés entre les différentes micro-dynasties de la région et s'emparent de Bagdad en 1048, mettant fin au règne abbasside,
L’Iran connaît alors une renaissance culturelle et scientifique. L’observatoire d’Esfahan est créé, où Omar Khayyam met au point le calendrier persan, encore utilisé aujourd’hui, qui introduit l’année bissextile. Cette époque voit aussi une production artistique très riche, l’art des Saljukides d’Iran.
On estime la fin de la période seldjoukide en Iran à 1194.
Après les Seldjoukides, l’Iran est encore dirigé par des petites dynasties locales avant d’être envahi par les Mongols de Gengis Khan en 1219. Le pays est dévasté et l’invasion est désastreuse pour la population. La destruction de nombreux qanats (système d’irrigation traditionnel) détruit le réseau d’habitat. Les villes sont détruites et remplacées par des oasis isolées, la démographie chute et le pays se tribalise.
De petites dynasties locales se mettent en place après la fin de la première période mongole en 1335.
Mais rapidement, le pays est de nouveau envahi : Tamerlan conquiert la totalité de l’Iran et en devient l’empereur en 1381. L’empire Timouride dure jusqu’en 1507 : les Chaybanides prennent Samarcande tandis que les Safavides reconquièrent une bonne partie du territoire iranien à partir de l’Azerbaïdjan iranien.
L’Iran se convertit au Chiisme duodécimain au 16e siècle, sous l’impulsion d'Ismail Ier, premier souverain Safavide. Cette conversion résulte d’une volonté de s’affirmer face à la domination des Ottomans sunnites et de créer une identité iranienne spécifique. La conversion des sunnites est obligatoire, sous peine de mort.
L’apogée des Safavides est atteinte sous Shāh Abbās Ier le Grand. Le pays est pacifié, son territoire étendu et son administration centralisée.
Son règne est aussi un âge d’or pour le commerce et les arts (accueil de commerçants et d’artistes étrangers, développement de la production de tapis, construction d’Ispahan, etc...).
Une invasion de l’Iran par des tribus afghanes met un terme à la dynastie des Safavides. La suprématie afghane est assez brève. Tahmasp Quli, un chef de tribu Afshar, chasse les Afghans et prend le pouvoir en 1736 sous le nom de Nādir Shāh. Tout le territoire iranien est repris, depuis la Géorgie et l’Arménie jusqu’à l’Afghanistan. Des campagnes militaires sont même menées jusqu’à Delhi en 1739. Nādir Shāh est assassiné en 1747 par d’autres chefs Afshars.
Le pays est ensuite la proie de luttes tribales pour la conquête du pouvoir : Afshar, Afghans, Qadjars et Zands se battent. Karim Khan Zand réussit à réunifier presque tout le pays en 1750. Il refuse de prendre le titre de Shah et préfère se nommer Vakil ar-Ra’aayaa (Régent des paysans). Sa mort en 1779 est encore suivie de luttes. C’est finalement Agha Mohammad Shah Qajar qui prend le pouvoir en 1794, établissant une dynastie qui dure jusqu’en 1925.
Sous les règnes de Fath Ali Shah, Mohammad Shah et Nasseredin Shah, le pays retrouve ordre, stabilité et unité. Les marchands (bāzāris) et les Oulémas (chefs religieux) deviennent des membres importants de la société iranienne. Cependant, l’autorité centrale est plutôt faible, la classe dirigeante relativement corrompue et le peuple exploité par ses dirigeants. Les puissances coloniales russe et britannique tirent parti de cette situation : grâce à leur supériorité militaire et technologique, elles dominent le commerce de l’Iran et interfèrent dans les affaires internes du pays.
Les premières tentatives iraniennes de modernisation commencent sous Nasseredin Shah. Le système fiscal est réformé, le contrôle central sur l’administration est renforcé, le commerce et l’industrie sont développés. L’influence du clergé chiite et des puissances étrangères se réduisent. La montée de la colère populaire et une demande de réforme mènent le pays à la révolution constitutionnelle de 1906. L’Iran devient le premier pays moyen-oriental à faire une révolution et à se doter d’une constitution.
L'Iran est partagé depuis 1907 en deux zones d’influence, l’une russe, au Nord, et l’autre britannique, au Sud, dans le contexte du Grand Jeu entre les deux empires. Ces empires profitent des troubles entourant la révolution constitutionnelle de 1905-1911, de la faiblesse et de la corruption des derniers empereurs kadjars pour étendre leur influence dans le pays. La Première Guerre mondiale voit grandir l’influence des Britanniques, déjà intéressés par la découverte de pétrole dans le Khuzestan en 1908. Ils essaient d’imposer l’accord anglo-persan en 1919, qui est refusé par le parlement. Avec la fin de la Première Guerre mondiale, les troupes russes et anglaises quittent le pays. En 1921, la monarchie constitutionnelle est restaurée.
Peu de temps après, un coup d’État fait changer le pouvoir de main, au profit d’un officier, Reza Khan, qui devient quatre ans plus tard Reza Shah Pahlavi. Au moyen d’un gouvernement centralisé et fort, il modernise l’Iran : développement d’industries lourdes, projets majeurs d’infrastructures, construction d’un chemin de fer national, création d’un système public d’éducation nationale, réforme de la justice (jusque-là contrôlée par le clergé chiite), création du code civil iranien, amélioration de l’hygiène et du système de santé. Les droits spéciaux accordés aux étrangers pendant l’époque Qadjar sont annulés pour diminuer la dépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne et la Russie. Le 21 mars 1935, la communauté internationale est officiellement sommée de ne plus utiliser le nom Perse mais Iran. Interdiction du port du voile pour les femmes et obligation de porter un habit à l’occidentale pour les hommes sont décrétées la même année.