Voyager en Iran / HOTELS / Hamadan / Avicenne

  • Avicenne

Avicenne, ou Ibn Sīnā1, né le 7 août 980 à Afshéna, près de Boukhara, faisant partie de la province de Khorasan Grand Khorasan (actuellement en Ouzbékistan) et mort en juin 1037 à Hamadan2,3, est un philosophe, écrivain, médecin et scientifique médiéval persan. Il s'intéressa à de nombreuses sciences, notamment l'astronomie, l'alchimie, la chimie et la psychologie.

Ses disciples l'appelaient Cheikh el-Raïs, prince des savants, le plus grand des médecins, le Maître par excellence, le troisième Maître (après Aristote et Al-Farabi).

Avicenne, de son nom complet Abu 'Ali al-Husayn Ibn Abd Allah Ibn Sina, est né au mois d’août 980 à Khormeytan (ou Afshéna, le pays du soleil), près de Boukhara, (Transoxiane, l'actuel Ouzbékistan). Son père, 'Abdallah, musulman chiite ismaélien originaire de Balkh au nord de l'Afghanistan, était préfet de Kharmaythân, chef-lieu d'un district du souverain samanide Nuh ibn Mansur, sa mère, Setareh ou Sitara, vivait à Afshanah5. Avicenne se serait plus tard converti au chiisme duodécimain6. Il semble qu'il fut précoce dans son intérêt pour les sciences naturelles et la médecine, qu'à 14 ans, il étudie seul. Avicenne fut envoyé durant sa petite enfance étudier le calcul chez un marchand, al-Natili. Ayant une bonne mémoire, le jeune garçon finit par surpasser son maître en calcul et en mathématiques. Il étudia à Boukhara, s'intéressant à toutes les sciences, et surtout à la médecine. Il est influencé par un traité d'al-Farabi, qui lui permet de surmonter les difficultés qu'il rencontre dans l'étude de la Métaphysique d’Aristote7, qu'il ne semble pas avoir lu8. Cette précocité dans les études se double d’une précocité dans la carrière : à 16 ans déjà, il dirigeait des médecins célèbres9.

Tout alors s'enchaîne : ayant guéri le prince samanide de Boukhara, Nuh ibn Mansûr, d’une grave maladie, il est autorisé à consulter la vaste bibliothèque du palais. Son appétit de connaissance aidant, il aurait possédé à 18 ans toutes les sciences connues. Après la mort du prince et celle de son père, qui le contraignent à gagner sa vie, commence sa vie itinérante. Il voyage d'abord dans le Khârezm, principauté qui fut indépendante (de 994 à 1231) au sud de la mer d'Aral, sur les deux rives du Djihoun (Amou-daria), entre Boukhara et la mer Caspienne. À Djouzdjan, un puissant protecteur, Abu Muhammed Chirâzi, lui permet de donner des cours publics. Il commence à composer son œuvre majeure, le Qanûn (ou Canon) de médecine.

Il passe ensuite par le Khorassan, puis Ray (Rhagès, proche de l’actuel Téhéran), enfin à Hamadan (à l'ouest de l'Iran) où l'émir bouyide Chams ad-Dawla le choisit comme ministre (vizir). Il s'impose alors un programme de travail harassant: le jour, il se consacre à la chose publique, la nuit à la science. En plus de vivre deux carrières, il travaille doublement : il mène de front la composition du Shifa et celle du Canon médical ; la tâche est alors si écrasante qu'il doit se faire aider : deux disciples se partagent la relecture des feuillets des deux ouvrages, dont le fidèle Al-Juzjani, secrétaire et biographe. En 1021, la mort du prince Shams o-dowla, et le début du règne de son fils Sama' ad-Dawla, cristallisent les ambitions et les rancœurs : victime d'intrigues politiques, Avicenne connaît la prison. Déguisé en derviche, il réussit à s'évader, et s'enfuit à Ispahan, auprès de l'émir kakouyide Ala ad-Dawla Muhammed. Ces bouleversements n'entament pas sa boulimie de travail.

Il jouissait d'une telle réputation que plusieurs princes de l'Asie l'appelèrent à leur cour : le roi de Perse l'employa à la fois comme vizir et comme médecin. Il cultiva aussi avec succès la philosophie, et la légende dit qu'il fut l'un des premiers à étudier et à faire connaître Aristote bien qu'il ait en vérité eut seulement accès aux oeuvres de Platon, de Galien et d'Hippocrate (pour la médecine). Il composa, influencé par les oeuvres de Cicéron des traités de logique et de métaphysique.

Lors d'une expédition, dont il faisait partie, de l'émir `Ala o-dowla contre Hamadan, Avicenne est frappé par une crise intestinale grave, dont il souffrait depuis longtemps, et contractée, dit-on, à la suite d'excès de travail et de plaisir. Avicenne tenta de se soigner de lui-même, mais son remède lui fut fatal. Il mourut à l’âge, toujours précoce, de cinquante-sept ans au mois d'août 1037 (428 de l’hégire) à Hamadan10 après avoir mené une vie fort agitée et pleine de vicissitudes, épuisé par l'excès de travail.